Une observatrice de la société SINAY a embarqué début Octobre pour une marée de deux mois à bord de l’Emeraude, navire en copropriété des armements Compagnie des Pêches Saint-Malo et Euronor.
L’objectif était d’obtenir des données de captures quantitatives indépendantes afin de mieux évaluer l’interaction de la pêcherie cabillaud-églefin avec les espèces ETP (en danger, menacées & protégées) et les Écosystèmes Marins Vulnérables (EMVs) d’Arctique Nord-Est.
En raison de la longueur et de l’éloignement géographique des marées, cet embarquement, financé par « le Fonds pour la Science et la Recherche » de l’ONG MSC, était une première pour la pêcherie française de cabillaud-églefin.
Les données ont été collectées selon le protocole Obsmer, une méthode scientifique reconnue au niveau national et développée par l’Ifremer. La liste des espèces ETP à considérer a été élaborée sur la base du référentiel MSC. Quant à l'interaction avec les EMVs, elle a été identifiée sur la base d’observation des espèces benthiques des mers Arctiques indicatrices d’EMVs décrites dans le guide d'identification de Buhl-Mortensen et al (2019).
Les données recueillies lors de la sortie en mer ont révélé l'absence d'interaction entre la pêcherie et les espèces ETP (étaient considérées : les oiseaux, les mammifère marins et certaines espèces de poissons, crustacées et élasmobranches).
Cependant, les observations ont révélé des interactions avec des espèces d'éponges indicatrices d’EMVs dans 13% des opérations de pêche échantillonnées. Deux espèces ont été observées : Bienma varienta et Craniella cranium, ainsi que le genre Geodia sp. Toutefois, la plupart de ces captures ne concernaient que quelques individus dont le poids total par opération ne dépassait pas 2,0 kg. La fréquence modérée des captures de ces éponges ainsi que les petites quantités pêchées indiquent un faible niveau d'interaction entre la pêcherie et les EMVs.
Comme une seule campagne d’observation ne peut fournir une variabilité temporelle et une couverture spatiale complète des zones de pêche, il est recommandé de consolider ces résultats avec des données supplémentaires, et de continuer à monitorer la position des habitats vulnérables pour limiter les interactions. La collecte de données complémentaires pourrait notamment être facilitée en renforçant la collaboration entre pêcheries similaires en activités dans les mêmes zones.
Suite à la marée, les données collectées par l’observatrice ont été transmises à l’Ifremer et intégrées dans leur base de données SIH afin de contribuer à une meilleure connaissance des écosystèmes.
Pour en apprendre davantage sur ce projet d’observation en mer, l’observatrice de SINAY nous raconte en vidéo le récit de son embarquement à bord de l’Emeraude, découvrez :